
Tours
François Hommeril est réélu président de la CFE-CGC, mercredi 22 mars 2023, au premier jour du 38e congrès confédéral à Tours.
Avec le nouveau secrétaire général, Jean-Philippe Tanghe, et la nouvelle trésorière nationale, Farida Karad, François Hommeril recueille 93,3 % des suffrages des congressistes, soit 1,5 point de plus qu’à Deauville en 2019. Il souhaite “redonner tout son sens et sa noblesse au mot de réforme en l’affranchissant du concept de ‘réformisme’, disqualifié par des années de dérégulation et de simplification, dont les cinq dernières furent parmi les pires“.
Seul candidat en lice, François Hommeril est très largement réélu à la présidence de la CFE-CGC, mercredi 22 mars 2023, lors du 38e congrès confédéral de Tours (Indre-et-Loire). Pour son 3e et dernière mandat à la tête de la confédération de l’encadrement, François Hommeril (Chimie) sera épaulé par Jean-Philippe Tanghe (SNB) et Farida Karad (fédération Assurance), respectivement élus secrétaire général et trésorière nationale. Au sein de l’équipe sortante, Jean-Philippe Tanghe occupait la fonction de trésorier national, celle de secrétaire général étant assurée par Gérard Mardiné (Métallurgie).
Sur les 508 délégués ayant voté, 474 ont voté en faveur du nouveau trio à la tête de la confédération. L’exécutif confédéral sera complété jeudi 23 mars 2023 avec l’élection des secrétaires et des délégués nationaux. Il n’y aura pas de surprise puisqu’il y a neuf candidats pour neuf postes de secrétaire national et 20 candidats pour 20 postes de délégué national.
“SYNDICAT RÉFORMATEUR”
“Le corps social est un corps vivant confronté sans relâche au besoin d’évoluer pour s’adapter à un environnement changeant. Ce besoin constant de réforme s’entend clairement dans l’objectif d’une société de progrès pour laquelle chaque contributeur se voit justement rétribué des efforts qu’il produit au service de la croissance et du bien-être”, explique François Hommeril dans son discours de candidature. Il défend l’idée que “la CFE-CGC est un syndicat réformateur”, en ce que sa confédération “retient pour principe que seule la négociation entre partenaires qui se reconnaissent procure le moyen d’une réforme adaptée aux besoins et dans le juste équilibre d’une solidarité nécessaire”.
Avec la financiarisation de l’économie, “la réforme n’est plus le moyen de progresser mais celui de s’accommoder aux règles du néolibéralisme” et “les syndicats [ont] été invités à devenir ‘réformistes’ pour accompagner le grand mouvement de libéralisation”. Et de pointer “la vision binaire” des responsables politiques “pour lesquels un syndicat est sommé d’être soit un contestataire impénitent, soit un accompagnateur zélé”. Pour le président confédéral, il faut “redonner tout son sens et sa noblesse au mot de réforme en l’affranchissant du concept de ‘réformisme’, disqualifié par des années de dérégulation et de simplification, dont les cinq dernières furent parmi les pires”.
“SOCIÉTÉ DU MEILLEUR RAPPORT QUALITÉ PRIX”
“Nous habitons désormais dans la société du meilleur rapport qualité-prix. Même quand les indicateurs macroéconomiques sont dans le vert, le moral est dans le rouge”, considère François Hommeril. Et de pointer un monde “gouverné par la pensée magique, celle du chiffre rond, des tableurs et des KPI” et un monde “simplifié à l’extrême”, ajoutant qu’au global, “être pour, c’est bien, être contre, c’est mal, vouloir réfléchir avant de décider, objectiver les causes et hiérarchiser les conséquences, alors là c’est très, très mal”.
François Hommeril reprend une nouvelle fois, des propos tenus en 1999 par Jean-Luc Cazettes, ancien président de la confédération : “Quel est ce monstre froid, anonyme, virtuel, auquel tout doit être subordonné, auquel tout doit être sacrifié, le marché et plus précisément le marché financier ? Ce nouveau veau d’or que l’on doit adorer, ce nouveau Moloch qui dévore ses enfants ? Cette société de marché que l’on veut nous imposer où le devenir des hommes et des femmes n’est qu’une résultante et non pas la cause sacrée que nous devons défendre, cette société de marché ne peut être notre objectif.” “Depuis 24 ans, quatre présidents de la République et quinze gouvernements qui n’ont rien vu, rien fait, rien compris pour inverser le cours des choses. Rien fait pour remettre la main et agir sur un destin commun, sur une souveraineté reconquise. Mais c’est pire, en fait, ils ont collaboré à cette trahison”, considère François Hommeril.
“OVERDOSE DES RÉFORMES SOI-DISANT COURAGEUSES”
“Les grands prêtres de la déesse TINA [There Is No Alternative] sont installés dans tous les cercles du pouvoir”, poursuit le président confédéral. “Nous ne voulons plus de leurs réformes ‘nécessaires’. La réforme des retraites c’est l’overdose des réformes soi-disant courageuses. Et leurs leçons en chaire pensées pour nous impressionner tombent à plat”, souligne-t-il.
“Il y a quelques jours, une cohorte de responsables hallucinés, ivres des délires injectés à forte dose par leurs communicants, nous accusaient de vouloir mettre l’économie à genoux ! Quel mépris, quelle méconnaissance de notre société, de ce qui l’anime et la fait fonctionner, la pousse à la performance et à la sécurité”, déclare le président confédéral. Après avoir ciblé actionnaires, dirigeants d’entreprise ou encore gouvernants comme responsables de l’affaiblissement économique du pays, François Hommeril explique que “dans la liste des réponses à cette question de la responsabilité du désastre, nulle part on ne trouvera les noms des fonctionnaires et salariés”.
QUATRE CONDITIONS POUR AGIR
Faisant référence au document programmatique “Restaurer la confiance” présenté début 2022, François Hommeril indique vouloir “mobiliser toutes les ressources de notre organisation en continuant le travail en commun avec les fédérations, les syndicats et les sections syndicales”, “et ainsi, construire nos revendications à partir des expériences vécues au plus près du terrain par nos militants”. En termes de méthode, il fixe quatre conditions :
▪ “conditionner les aides et les financements vers un meilleur partage de la valeur” ;
▪ “placer l’intérêt social au cœur des gouvernances d’entreprise en laissant une large place aux administrateurs salariés” ;
▪ “flécher l’épargne pour reprendre pied dans nos entreprises” ;
▪ “modifier notre lecture comptable des entreprises en y intégrant l’objectif de durabilité, avec la création de dettes sociales et écologiques”.
POURSUIVRE “L’OBJECTIF DE DÉVELOPPEMENT”
Avec le nouvel exécutif, “nous poursuivrons l’objectif de développement de la CFE-CGC en équipant nos militants des meilleurs outils pour construire un syndicalisme moderne, ambitieux et durable”, assure François Hommeril. “Grâce à l’action de nos militants sur le terrain, la CFE-CGC est l’organisation qui s’est le plus développée depuis 12 ans”, salue-t-il. “Nous avons conquis une position que l’on ne lâchera plus. Et pour cela, tous les moyens de l’organisation seront au service du développement, de l’implantation des sections nouvelles et de l’appui aux fédérations et de leurs militants sur le terrain”, affirme François Hommeril, se félicitant de pouvoir afficher près de 160 000 adhérents.
Lors de la dernière mesure de l’audience syndicale en 2021 (cycle 2017-2020), la CFE-CGC a consolidé sa quatrième place en tant que qu’organisation représentative au niveau national interprofessionnel en recueillant 11,92 % des suffrages (+1,25 point), derrière la CFDT, la CGT et Force ouvrière, et devant la CFTC. En obtenant 20,71 % des votes, la CFE-CGC avait connu une progression similaire dans son champ statutaire de l’encadrement, sans toutefois parvenir à récupérer la première place que lui a ravi la CFDT en 2017.