
Article publié sur Les Echos investir Par Pascal Esteve
Publié le 24 avr. 2023 à 15:32
Au sein des dix portefeuilles de fonds de valeurs moyennes étudiés, une seule valeur est citée à quatre reprises : Spie. « Le groupe est un acteur très fort dans la transition énergétique et la transformation numérique, explique Baudouin Saint Olive, gérant de BSO 3000. Spie est le leader européen des services multitechniques dans le domaine de l’énergie et des télécommunications. Il réalise des travaux électriques qui sont au coeur des problèmes énergétiques, les industriels ayant besoin d’améliorer leur efficacité dans ce domaine avec plus d’électrification ou de décarbonation dans leur consommation d’énergie. Spie n’est donc pas du tout affecté par le marasme de la construction neuve que l’on observe actuellement. Avec un PER de l’ordre de 14 fois cette année, la valorisation est raisonnable.
L’an dernier, le groupe a fait mieux que les attentes, avec une progression de 20 % de son Ebitda. Sa marge de 6,3 % s’est appréciée de 20 points de base. L’amélioration devrait se poursuivre cette année. Un des grands atouts du titre réside dans sa grande liquidité. Le flottant est de plus de 80 %, avec pour actionnaires principaux les salariés (8 %), Peugeot Invest et la BPI (5 % chacun). C’est pourquoi de nombreux gérants de valeurs moyennes apprécient ce titre. Cette absence de contrôle procure de surcroît un intérêt spéculatif. Un grand acteur du marché comme Bouygues, Vinci ou Eiffage pourrait être intéressé par un achat, tout comme un grand fonds. Enfin, Peugeot Invest, au capital et au conseil d’administration, est un investisseur actif dans la stratégie du groupe et son évolution afin d’en améliorer la valorisation. »
Derrière Spie, deux valeurs apparaissent trois fois : bioMérieux et GTT. Elles figurent toutes les deux parmi les premières lignes du fonds Chaussier Croissance. « Ce sont des valeurs de croissance à belle visibilité pour plusieurs années, explique son cogérant, Christophe Deschamps. En outre, elles bénéficient toutes les deux d’une trésorerie nette et ne seront donc pas pénalisées par la hausse des taux d’intérêt. Nous avons aussi confiance dans leurs dirigeants pour maintenir leur avance technologique sur le long terme. »
La qualité se paie
« Cette qualité se paie avec des PER estimés à 25 fois en 2023 pour bioMérieux et 21 fois pour GTT, mais ces ratios ont été plus élevés par le passé. Pour GTT, il descend à 15 fois en 2024, ce qui démontre la vigueur de la croissance. Nous avons même augmenté récemment la pondération de ce titre à l’occasion de sa baisse récente, car nos liquidités ont été accrues par les OPA sur Manutan et Somfy, deux titres que nous avions en portefeuille.
Conviction du fonds depuis 2015, GTT a intégré le top 5 car son modèle d’entreprise est visible et fortement générateur de trésorerie. La société profite d’une demande croissante pour le GNL (gaz naturel liquéfié), appelé à faire la transition entre l’ère du pétrole et celle du renouvelable. La demande a été amplifiée par celle de l’Europe avec la guerre en Ukraine. GTT conçoit et commercialise une technologie de confinement du GNL aujourd’hui incontournable pour les méthaniers, les unités flottantes de GNL et les réservoirs terrestres. GTT présente donc un caractère à la fois défensif et de croissance dans un monde instable. Autre atout de la société, sa structure de coûts est faible, car elle prend part au design puis licencie sa technologie pour la construction des unités. Signalons enfin son rendement supérieur à 3 % qui n’est pas négligeable pour une valeur de croissance.
Pour bioMérieux, nous apprécions les dirigeants et la dimension familiale du groupe. Les systèmes de diagnostic bioMérieux sont composés de réactifs pour l’identification des bactéries et virus, d’instruments pour la réalisation de tests automatisés et de logiciels pour le traitement des résultats de tests. Présent dans le top 10 mondial du secteur, la pandémie lui a permis de consolider ses parts de marché auprès des laboratoires privés et hospitaliers et lui assure aujourd’hui une forme de récurrence dechiffre d’affaires malgré la fin de la pandémie.
Nous croyons également à sa capacité à garder un leadership technologique. En témoigne le lancement aux Etats-Unis de Biofire Spotfire qui étend sa technologie de tests syndromiques en dehors des laboratoires traditionnels, vers des structures de proximité (centres de soins d’urgence, cabinets médicaux) avec des résultats obtenus en quinze minutes. BioMérieux participe ainsi à une meilleure prise en charge des patients et à l’efficience des systèmes de santé. »
Enfin, ID Logistics et Sopra Steria sont également citées à trois reprises. ID Logistics présente un profil similaire à ceux de bioMérieux et de GTT. « Il s’agit d’une société structurellement en croissance que nous détenons depuis la création du fonds Pluvalca Initiatives PME en 2012, précise son cogérant, Sébastien Lalevée. Son parcours boursier est brillant, avec un gain de plus de 1.000 % ! Il s’agit d’une vraie valeur de fond de portefeuille. L’objectif consiste à se développer outre-Atlantique avec le rachat de Kane Logistics. Cela lui donne un nouveau potentiel de croissance important. Avec une valorisation qui représente 6 fois l’Ebitda estimé cette année et des PER anticipés à 27 fois cette année et 23 fois l’an prochain, le titre n’est pas donné. Mais ces ratios se comparent à des moyennes historiques à douze mois de 7,9 fois pour l’Ebitda et de 29 fois pour le PER. Il se situe donc à des niveaux abordables. »
Sopra Steria est une SSII faiblement valorisée. Selon Raphaël Lucet, analyste-gérant de Moneta Micro Entreprises, « son PER est estimé à 13 fois pour cette année et à 10 fois l’an prochain. Les dirigeants escomptent une croissance organique de 3 % à 5 %. Je pense que l’on sera plutôt dans le haut de fourchette. La société vient de faire preuve de dynamisme en procédant à trois acquisitions en un an : CS Group, la société belge Tobania et la néerlandaise Ordina tout récemment. Ces trois entreprises représentent un chiffre d’affaires de 1 milliard d’euros, montant à comparer au chiffre d’affaires de 5,1 milliards de Sopra Steria en 2022. Le coût d’acquisition, d’un peu plus de 900 millions en tout, a été financé par endettement, car Sopra Steria avait une structure financière très saine, avec un ratio endettement net/Ebitda fin 2021 limité à 0,3 fois. Il est actuellement de 1,5 fois, ce qui reste raisonnable pour une SSII qui pourra réduire ce ratio de 0,5 point par an. Elle n’aura donc plus de dette dans trois ans.
Autre atout du groupe, il bénéficie d’un potentiel de croissance de sa marge d’exploitation. En effet, elle était de 8,9 % l’an dernier et l’objectif crédible est d’arriver à 10 % en 2024.
A court terme, le titre ne devrait pas décevoir, car le premier trimestre devrait être bon en l’absence de signaux de ralentissement de ses marchés. En outre, le rachat des trois sociétés va être générateur de synergies. »
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